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Avis aux touristes amateurs de chiffres ou aux ingénieurs des Ponts et Chaussées : l’esplanade des Invalides est deux mètres plus bas que la place de l’Hôtel de Ville de Paris. Il fallait donc une certaine jouissance sadique pour trouver 436 mètres de dénivelé positif et 438 mètres de dénivelé négatif au long des 42,195 kilomètres de ce marathon des Jeux olympiques. « On a voulu casser les codes », affirmait Tony Estanguet, président du Comité d’organisation de Paris 2024, en présentant le parcours, il y a deux ans. « Il veut aussi nous casser les pattes », avaient rétorqué les athlètes, en testant le parcours.
Le traditionnel mur des 35 kilomètres, ce coup de barre que racontent bien tous les adeptes qui sont allés jusqu’à cette marque, était précédé par un autre, après le trentième, la Côte des Gardes (des quais de Seine jusqu’à l’Observatoire de Meudon) et son dénivelé de 13,5 %. Les marathoniens français expliquaient que le problème était moins d’ailleurs la montée que la descente, un enfer pour les ischio-jambiers et les quadriceps.
S’annonçait donc le marathon le plus dur de l’histoire, démarré comme une promenade de guide Michelin ou Lonely Planet, au travers des monuments de la ville de Paris, et se cabrant ensuite jusqu’à Versailles (Yvelines) et retour. On se plongeait donc dans les annales. Le marathon de 1904 à Saint-Louis (Etats-Unis), où les organisateurs n’avaient prévu qu’un point d’eau à mi-parcours, histoire de tester scientifiquement la résistance humaine. Celui de 1956, à Melbourne (Australie), qui s’était déroulé sous la canicule, laquelle avait eu raison d’Emil Zatopek et réussi au Français Alain Mimoum. On compulsait les innombrables cas d’inquiétants tangages ou d’évanouissement sur ou avant la ligne d’arrivée, depuis Spyridon Louis, premier vainqueur de l’épreuve à Athènes, en 1896.
Le temps de tout ça, les marathoniens étaient déjà à Versailles et s’en revenaient vers la capitale. Ils ne montraient aucun signe de faiblesse. On ne dira pas que nous étions déçus. On se demandait juste si Tony Estanguet n’avait pas survendu la difficulté. Ils étaient encore quinze en tête, avec trente secondes d’avance sur leurs poursuivants devant les grilles du château.
Puis vint la fameuse Côte des Gardes. On vit soudain les coureurs ployer les épaules, plonger de la tête, leurs jambes d’acier piocher le bitume. A l’arrière, certains ne purent rien faire d’autre que marcher, décrivait le Français Félix Bour après l’arrivée. « Ça brûlait au niveau des cuisses », ajoutait-il. On se dit alors que Tony Estanguet n’avait pas menti.
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